Camp des Milles
Mémoire : une classe du Lycée Marius Bouvier au Camp des Milles
Ce mardi 5 décembre, au petit matin, par un froid glacial, et avec la promesse d'un soleil d'hiver lumineux en Provence, les élèves de la classe de 1ère Bac Pro Systèmes Numériques [ 1SN ] sont partis à la découverte du Camp des Milles. Cette action, financée en grande partie par la Région Auvergne-Rhône Alpes, fait partie d'un projet plus vaste de Mémoire autour de la 2nde guerre mondiale, qui emmènera d'autres élèves à Montluc à Lyon et sur les plages du Débarquement en Normandie.
La sortie était organisée par Mmes Crouzet et Sahraoui, aidées dans l'encadrement par deux professeurs de la section, MM Brochard et Talaba.
L'acheminement des élèves sur le site proche d'Aix en Provence s'est fait par TGV, la SNCF mettant à disposition gracieusement le transport des jeunes pour découvrir le Camp des Milles.
L'histoire de ce camp d'internement, implanté dans l'ancienne Tuilerie des Milles, se partage en trois périodes bien distinctes.
Le camp ouvre en 1939 pour accueillir ceux que la IIIème République qualifiait de "sujets ennemis", en l’occurrence souvent des militants antinazis qui avaient fuit l’Allemagne nazie après l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Au lendemain de l’armistice de juin 1940 le lieu devient un camp de "transit" : il accueille des personnes jugées "indésirables" avant leur éventuelle émigration : républicains espagnols réfugiés, juifs étrangers...
Enfin entre août et septembre 1942, le camp d'internement des Milles devient un maillon de la déportation vers le centre de mise à mort d'Auschwitz-Birkenau, pour des milliers de juifs étrangers et français, adultes et plus d'une centaine d'enfants. Les conditions de vie à cette période deviennent alors particulièrement difficiles dans un lieu dont la fonction première avait été détournée et était donc impropre à la vie de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants...
La visite a permis d’évoquer, pour la première période du camp, les artistes allemands (comme Max Ernst) qui ont vécu dans ce camp ainsi que la richesse paradoxale de la vie culturelle et artistique des internés, malgré la privation de liberté : par exemple un théâtre aménagé dans les sous-sols.
La découverte des conditions de vie dans le camp, quand il devient une anti-chambre de la déportation des Juifs, est encore plus poignante pour les élèves.
Le projet pédagogique du Mémorial, en plus de la partie historique et des espaces conservés à visiter, comporte aussi une partie réflexive. Ce temps de réflexion porte sur les moyens à mettre en œuvre pour refuser d’obéir à des processus en contradiction avec la morale des individus ; pour éviter que des situations d'exclusion et de génocides ne se reproduisent à l’avenir. Ainsi, l'après-midi, un atelier a permis aux élèves de comprendre les ressorts des choix humains avec la présentation des expériences de Stanley Milgram dans les années 60 sur la soumission à l'autorité, sur la pression du groupe ; l'utilité de mettre en question les préjugés et stéréotypes sur les groupes humains, premier terreau propice à l'exclusion, mais aussi d'interroger sa conscience et ses valeurs avant de faire un choix. Comprendre aussi que la collaboration n’est pas une fatalité et que certains individus ont fait le choix de résister en protégeant les internés, en particulier en 1942, en permettant l’évasion de plusieurs familles juives avant leur déportation. Auguste Boyer, un gardien du camp, a ainsi reçu le titre de "Juste parmi les Nations" pour son action.
Appréciée à sa juste valeur, cette visite, aux dires des élèves enthousiastes en fin de journée, est une sortie mémorielle nécessaire.
Galerie d'images : les élèves de 1SN au Camp des Milles, devant un wagon ayant servi à la déportation des Juifs / devant la Tuilerie + diverses photos de la visite.